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Saké soirée !

A quoi pensez-vous lorsque vous entendez le mot Saké ? A l’infâme boisson servie après un repas dans un restaurant chinois ? Avec la petite dame dévêtue au fond de la petite tasse ? J’avoue avoir hésité lorsqu’un ami m’a invité à une dégustation de sakés, la perspective d’une brûlure des amygdales n’étant pas très tentante. Mais il m’a rapidement fait changer d’avis : “ah oui mais non, il s’agit de saké japonais, c’est une boisson fermentée qui s’apparente plus à du vin qu’à de l’alcool”. Me voilà donc au rendez-vous, chez mes amis de la Maison Demiautte à Marchienne-au-Pont, grands spécialistes des cigares et des alcools (forts 😉 ).

L’animateur de la soirée, Frédéric Habay (OSAKE), maîtrise sa matière sur le bout des doigts et nous présente un subtil mélange de théorie et de pratique. Le saké japonais titre autour de 14°, et il s’agit d’une boisson fermentée dont le processus de fabrication fait plus penser à de la bière qu’à du vin, d’ailleurs les sites de production s’appellent des brasseries. Le saké est fabriqué en hiver lorsque les températures sont basses afin de mieux contrôler les fermentations (en tout cas dans les brasseries “traditionnelles”). Frédéric nous a expliqué la classification des sakés et il nous a aidés à décrypter les étiquettes libellées en japonais : c’est certain, je suis sorti de cette soirée plus instruit qu’en entrant !

 

Qu’avons-nous dégusté ? des sakés sans alcool ajouté, issus de la décomposition par un champignon de grains de riz Japonica Sakamai polis, auxquels on a ajouté de l’eau de source extrêmement pure afin de faire descendre le taux d’alcool de 22° à 14°. Parmi ces sakés, il en existe des “traditionnels” (utilisation des levures indigènes de la brasserie) ou “modernes” (utilisation de levures externes). Ces derniers ressemblent très forts à des vins blancs, avec des arômes aussi divers que la banane, l’anis, le citron, le miel ou … le riz lorsque le polissage est réduit (on a donc conservé plus d’écorce végétale). Les sakés “traditionnels” penchent plus vers la noix, la noisette, le fumé, la sauce soja et le champignon. Certains sont dégustés “chaud” (entre 30° et 55°), surtout ceux ayant un taux de polissage plus élevé : c’est déroutant, il faut bien l’avouer.

Mais on peut les boire frais, et les adeptes des vins du Jura se retrouvent immédiatement en terrain connu !

Vais-je abandonner le vin pour le saké ? non … Par contre, en fin de soirée, je vous conseille chaudement un Yuzusaké : un saké dans lequel des citrons Yuzu (un agrume typique du Japon, hybride entre le citron et la mandarine) ont macéré durant 3 ans.

Vous voulez en savoir plus ? Contactez Frédéric Habay, il se fera un plaisir de vous renseigner sur cette boisson qui reflète bien l’esprit du Japon (habay.frederic@hnadvice.be).

Les crus Bourgeois sortent du bois

Enfin pas tout à fait 😉 .

Un nouveau classement des crus Bourgeois de Bordeaux sera dévoilé en 2020, après quelques années de flottement et d’incertitude suite à l’annulation par la justice du classement promulgué en 2003. La démarche est novatrice : en effet, le nouveau classement à venir tient maintenant compte de la qualité des vins mais aussi du respect de l’environnement et de la traçabilité. Surtout, les dégustateurs seront, cette fois-ci, complètement indépendants des producteurs candidats au classement, afin d’éviter un nouveau recours en justice.

Quant au bois, les crus Bourgeois en intègrent une belle quantité : je viens d’en goûter une bonne trentaine, et il faut avouer que le bois est très présent, au-delà de la satiété … Comment s’étonner dès lors que sur un millésime un peu compliqué (2017), l’astringence est de mise et certaines bouches soient très serrées ?

Heureusement, quelques rares maisons sortent du lot, même sur ce millésime 2017 : j’ai particulièrement apprécié Tour des Termes, Petit Bocq, Le Crock et Moulin à Vent. Également, mais sur le millésime 2016, Maison Blanche.

Malgré tout, il faut souligner cette démarche de renouvellement du label Cru Bourgeois qui ne peut tendre que vers une amélioration de la qualité !

Pourquoi le prix des glaces est-il indiqué au litre ?

J’ai récemment découvert un artisan glacier dans les environs de Pont-à-Celles : au hasard d’un repas familial, une de mes sœurs s’était fournie chez “Pascal et Valérie”. Ce fut un coup de cœur, et pas obligatoirement parce qu’il s’agissait d’un artisan, ayant déjà eu l’occasion de goûter des glaces vendues hors grandes surfaces mais peu convaincantes au niveau des sensations. Donc je me rends sur place pour acheter quelques goûts en vrac, je sais que je vais certainement payer plus qu’en grande surface, et je range le prix dans un coin de mon cerveau. Rentré à la maison, j’ai l’impression que la barquette de glace est assez lourde, en tout cas bien plus que la Carte d’Or (au hasard …), mais le poids total n’est pas indiqué sur l’emballage. Ni une ni deux, je me rends dans la grande surface du coin : les Carte d’Or ont aussi une contenance de 1 litre, mais un poids de 500 grammes, pour un prix de 4,90€ à 6,20€ le litre. Tiens, ça c’est bizarre : tous les autres articles ‘solides’ sont vendus au poids. Donc la Carte d’Or coûte entre 10€ et 12€ le kilo. Et la glace de Pascal et Valérie ? leur poids varie de 850 grammes à 1 kilo, pour un prix unique de 8,50€, donc entre 8,50€ et 10€ le kilo. Les Carte d’Or sont moins chères au litre, mais vous payez de l’air qui, il faut l’admettre, n’est pas très nourrissant …

Deux domaines à visiter à Floreffe ce week-end des 03/11 et 04/11.

Je reviens d’une visite rapide au salon du vin et du fromage à Floreffe. Je me suis concentré cette année sur le Languedoc. Si vous comptez vous y rendre aujourd’hui ou demain, je vous conseille la visite de deux domaines très intéressants.

Tout d’abord en Minervois, le Château Pépusque qui propose à la fois des vins abordables en AOP Minervois à partir de 8,50€, tels Les Terres Rouges et les Terres Fines, mais également des vins de garde comme Les Petits Cailloux et les Cailloux Blancs en AOP Minervois La Livinière. C’est frais, suave, structuré et dans une gamme de prix cohérente.

Ensuite le Domaine Grain d’Orient en Roussillon : sur le tarif, je ne vois que des cépages internationaux, Chardonnay, Syrah, Merlot et Cabernet-Sauvignon. Mouais … Mais restons ouvert, c’est le principe même de ce blog 😉 La responsable m’explique qu’elle se trouve en altitude, à l’intérieur des terres dans la Haute vallée de l’Agly. Et que les cépages ont été choisis en fonction des sols disponibles (du schiste, des marnes schisteuses et des sols limoneux chargés de cailloux de natures diverses – calcaire, galet de granit, quartz, schiste). Le résultat est à la fois interpellant (du chardonnay sur schiste, avec une minéralité et une salinité d’enfer) et convaincant : un 100% Syrah que l’on situe à l’aveugle en Rhône Nord , un Merlot-Cabernet Sauvignon avec une fraîcheur et un fruit croquant absolument magnifique. Et tout cela à un prix correct.

Pour terminer, ma petite pique habituelle concernant les fromages dans ces salons : cette fois-ci, le chèvre affiné est à plus de 100€ le kilo … Je pensais avoir atteint le sommet de l’arnaque avec un Beaufort et un Comté à plus de 50€ le kilo (prix de base) !

Retour sur Vinovision 2018

Vinovision, salon des vins septentrionaux, déroulait le tapis rouge à Paris pour les professionnels du vin, du 12 au 14 février 2018. L’occasion pour moi de vous présenter quelques domaines méconnus dans nos contrées.

Commençons par l’extrême ouest de la Vallée de la Loire, dans le Pays Nantais. C’est le pays du Muscadet, dont la réputation de “petit vin” doit absolument être corrigée. Comme partout ailleurs, il y a de “petits” vignerons avec de “petits” vins, mais le Muscadet correctement vinifié est capable de vieillir de nombreuses années.

 

 

Romain Malidain m’a fait goûter quelques belles bouteilles de “Sensation de Grandlieu” (Muscadet Côtes de Grandlieu), de 2010 à 2016, avec beaucoup de fraîcheur, des arômes complexes sur le floral et les fruits jaunes et une amplitude de bouche très intéressante.

Romain n’hésite pas à sortir des sentiers battus : son Muscadet Côtes de Grandlieu “Cuvée ovoïde” de 2017 est frais et franc avec une matière sur la finesse. Son Grolleau “Rouge Plaisir” explose d’arômes de fraise écrasée (j’ai retrouvé le nez de la confiture de fraises de ma maman !). Mais surtout, son Chardonnay “Le Demi-Boeuf” 2017 est tout bonnement bluffant : de l’amplitude, de la finesse, aucune amertume et un excellent équilibre nez/bouche avec des arômes fins et profonds sur l’ananas.

Dirigeons nous maintenant vers l’est de la France, dans le Jura et en Bourgogne. Florent Rouve a repris la maison Rijckaert qui développe sa viticulture dans le Jura et dans le Mâconnais.

Je reprends ici le texte de présentation sur leur site internet : “Depuis 2013, Jean [Rijckaert] a décidé de progressivement transmettre sa passion à Florent Rouve et transmet “le savoir-faire” qui a fait la réputation de ses vins : les rendements limités, la récolte manuelle, des presses lentes et modérées, des levures indigènes, le long vieillissement de vin et … quelques secrets précieux !”. Florent travaille le parcellaire de Bourgogne de façon très pointue : il connaît la géologie des lieux, leur orientation, et nous propose des vins magnifiquement construits, avec beaucoup de finesse, de minéralité et de droiture. Quant aux Jura, ils ne sont pas en reste :  ses Savagnin ouillés disposent d’une belle matière avec une amplitude intéressante, sur des arômes variétaux maîtrisés. Chacun de ses vins est digne d’intérêt et je les note souvent au-dessus de 15/20.

Terminons par une appellation de Bourgogne moins connue : Montagny. Camille Feuillat  m’a proposé un tour d’horizon en blanc du domaine Feuillat-Juillot qui dispose de quelques belles parcelles en Montagny 1er cru.

J’ai particulièrement apprécié la finesse et l’élégance de ses vins, sans boisé excessif. La gamme est construite sur le parcellaire, lui-même disposant de vignes de plus en plus âgées : j’ai ainsi terminé la dégustation par “Les Coères” (vignes de minimum 70 ans) et la cuvée Victor (vignes de 100 ans), deux vins avec une attaque franche, beaucoup d’amplitude, une longueur appréciable et un excellent équilibre nez/bouche. La gamme est cohérente. Un domaine que je vais suivre dans les prochaines années.

Cuire à la flamme serait cancérigène : les burgers également ?

Vous avez tous déjà entendu cette information selon laquelle cuire à la flamme serait cancérigène, il faut éviter de “brûler” les aliments. Ce conseil est régulièrement répandu dans la presse en cette période de barbecues, les brochettes léchées (et carbonisées) par les flammes contiendraient des éléments toxiques. Dernièrement, j’ai relié cette information à la revente de Quick à Burger King, le journaliste étant en train de comparer les enseignes : il semblerait que Burger King cuise sa viande à la flamme, alors que Quick la grille. Que faut-il en penser ? A première vue, la seule chose à faire est de constater l’état du steak haché après cuisson : est-il en partie carbonisé ? Dans la négative, exceptées les règles d’usage concernant les “Fast food” (équilibre alimentaire et tout le tintouin), vous pouvez continuer à manger du Burger King. Sinon, en attendant une clarification de Burger King, je réduirais drastiquement ma consommation de steak haché-brûlé.

Mais où se cachent les vins bios de Bordeaux ?

Le “bio” devient incontournable : peu importe la thématique (légumes, viandes, boulangerie, cosmétique, …), le bio a envahi notre environnement et on ne se pose plus la question de savoir si tel article dispose de son pendant “bio”. Le vin fait partie du lot, tous les pays et toutes les régions offrent des productions “respectant la nature” (concernant la définition du terme “bio” en œnologie, je rédigerai un article distinct car le mot, on s’en doute, est galvaudé et dispose de nuances qui ont leur importance).

Toutes les régions ? Certaines sont pionnières, d’autres suiveuses, et l’une ou l’autre semble réfractaire. Un exemple ? Bordeaux … J’ai discuté dernièrement avec quelques acteurs de la place, gravitant dans les sphères des Grands Crus. D’un côté, il y a le discours officiel qui ne veut pas rester à la traîne, qui veut être dans le coup et qui vous prétend que tel grand château dispose d’une quantité appréciable de raisins bios (on parle donc bien ici de la culture “bio” du raisin : la transformation de ce raisin en vin, à l’intérieur des chais, est et reste technique et industrielle, bien loin de la philosophie “bio”). Ensuite il y a la réalité du terrain : le bordelais, tout comme la Bourgogne et la Champagne, sont les plus gros consommateurs de produits phytosanitaires en France. Un viticulteur de Sauternes, face à ces constats, me rétorque qu’ils ne peuvent prendre de risques car derrière chaque domaine de renom il y a des employés et des investissements. Il a juste oublié de mentionner les actionnaires. Un autre m’a prétendu que le climat bordelais était compliqué et nécessitait l’utilisation de fongicides et insecticides. Bien sûr, mais alors pourquoi le Val de Loire est-il meilleur élève dans la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires ? Résultat des courses : malgré les beaux discours, il est pratiquement impossible de trouver un Grand Cru qui met en avant le côté “bio” de ses vins.

Car au fond, il est là le problème : on a l’impression que le bordelais n’ose pas, que le poids de l’industrie est prépondérant, ou peut-être que, tout simplement, le “bio” n’est pas le bienvenu. Et c’est en lisant le dernier numéro de la Revue du Vin de France (n° 615) que cette impression s’est imposée à moi : en page 15, l’auteur de l’article “Les crus vegans, lubie écologiste ou coup marketing ?” tire à boulets rouges sur ces vignerons végans qui veulent “coller à la tendance” … Loin de moi l’idée d’adhérer au véganisme, néanmoins on ne peut s’empêcher de sentir le poids des traditions et la rigidité aristocratique de cette Revue du Vin de France qui encense les Grands Crus et laisse au second plan les vins bios ou assimilés. Je me mets à la place des acteurs de Bordeaux : pourquoi se mettre à dos la RVF en prônant la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, alors qu’aucune locomotive locale n’est prête à franchir le pas et à oser le dire ?

Le chemin est encore long … “Demain” peut-être …

Visite d’un des plus grands embouteilleurs de vin en Belgique

Il est 9h30, ce jeudi 31 août 2017. Un camion-citerne français stationne à côté des cuves de réception aux chais de Delhaize, rue Osseghem à Molenbeek. Au sol, une voie de chemin de fer rappelle que jusqu’en 1988, une partie des vins était acheminée par transport ferroviaire à partir de la Gare de l’Ouest sur un embranchement partagé avec Martini. Actuellement, les vins sont acheminés principalement par camions-citerne pour les vins européens, et par conteneur pour les vins hors-Europe. Ces conteneurs sont d’énormes bag-in-box de 21000 litres dont l’enveloppe est retournée à l’expéditeur pour les livraisons suivantes.

Le contenu du camion-citerne est minutieusement contrôlé : le labo de Delhaize vérifie en 20 à 40 minutes les propriétés chimiques du liquide et un dégustateur s’assure de la conformité du vin par rapport à l’échantillon d’origine. Les refus de déchargement sont rares, les producteurs et livreurs sont conscients des exigences de leur client !

Après vérification, le contenu du camion-citerne est vidangé dans les cuves de réception : 5 à 6 citernes de 25000 litres sont ainsi déchargées chaque jour aux chais d’Osseghem, soit 18 à 20 millions de litres par an.

Le vin est ensuite acheminé dans les caves en attendant l’embouteillage :

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Les cuves sont constituées d’époxy alimentaire ou d’Inox, leur contenance varie de 6700 à 25000 litres :
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La plupart des vins sont filtrés. La veille de l’embouteillage, ils sont acheminés dans la “cathédrale” :

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Les lignes d’embouteillage sont alimentées en bouteilles neuves ou consignées (utilisées plus ou moins 6 à 7 fois). J’imaginais trouver des bouteilles prêtes à l’emploi en début de chaîne, je me trompais lourdement : des ouvriers déposent des palettes de bouteilles consignées, étiquettes et collet en plastique toujours présents !

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Donc, en flux tendu, ces bouteilles sont envoyées successivement dans une machine qui enlève le collet :

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Et la suivante décolle l’étiquette :

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Après ces opérations, les bouteilles d’une propreté virginale poursuivent leur chemin vers l’étape de remplissage :

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L’étiquette est collée sur la bouteille :

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Les bouteilles sont empaquetées et une étiquette est imprimée directement sur la caisse en carton :

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Du côté des bag-in-box, on ne chôme pas. Les caisses en carton sont déployées et attendent en file indienne la réception de leur poche vineuse :

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La chute de la poche dans la caisse a été minutieusement calculée. Elle est suffisamment rapide pour ne pas ralentir la cadence, mais aussi judicieusement freinée par l’ajustement millimétré de la poche au sein de la caisse pour ne pas abîmer le bag-in-box :

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Il reste à enficher la poignée et le tout part au stockage avant expédition dans les différents magasins.

A n’en pas douter, même si ce processus industriel est probablement à mille lieues d’une production artisanale, il s’agit d’un bel outil permettant à Delhaize de fournir des vins de qualité à prix abordable (ces objectifs n’ont pas changé depuis la création de Delhaize Frères et Cie en 1867 !).

L’Entre d’Eux, un restaurant gourmand à découvrir de toute urgence

Situé à la limite entre Pont-à-Celles et Gouy-lez-Piéton, l’Entre d’Eux est ouvert depuis mars 2017. Les propriétaires, Caroline Druine et Alexandre Godart, ont déjà un beau parcours dans la gastronomie et le service en salle. Ce sont des natifs de l’entité, et lorsque c’est possible, ils font la part belle aux produits régionaux. La lecture de leur carte, qui m’avait été fournie par l’un de leurs fournisseurs en vins, m’a immédiatement mis l’eau à la bouche, et l’occasion s’est rapidement présentée de venir les rencontrer et découvrir leur cadre et leur cuisine.

Pour composer notre menu entrée-plat-dessert, nous devions choisir parmi les propositions classées en « première assiette », « deuxième assiette » et « gourmandises ». Le choix est varié, les ingrédients sont bien décrits, la carte est limpide. Celle des vins est très française, j’ai donc choisi le seul blanc italien disponible.

Pour débuter, un saumon Gravlax/Guacamole printanier :

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et un Oeuf poché/Mousseline de pomme de terre/King crabe et petits légumes :

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Ensuite, un Carré d’agneau/Réduction au thym/Gnocchi maison/Salsifis et carottes fanes :

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et du Sandre/Tombée d’épinards/Sauce fine champagne/Tagliatelles fraîches et artichauts poivrade :

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Enfin, pour clore, la Gaufre citron meringué façon “Entre d’Eux” :

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et un Sabayon maison/Glace vanille :

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On ne va pas tourner autour du pot, c’était d’un excellent niveau. Aucun défaut dans les ingrédients, les assaisonnements étaient parfaits, seule la présentation du carré d’agneau était un peu brouillon. Les quantités sont honnêtes, ni trop ni trop peu. Mention spéciale à la présentation du Sandre, à la finesse de l’Agneau, à la délicatesse du Sabayon et à la magie de la Gaufre citron meringué.

Le menu entrée+plat+dessert est à 34€, raison pour laquelle mon titre indique “à découvrir de toute urgence”. La carte change toutes les 4 à 6 semaines.

Le vin qui accompagnait ces plats était un Cocci Grifoni Colle Vecchio Offida Pecorino 2014 : vin équilibré, rond et gras, avec une belle amertume en finale, sur des arômes de miel et d’abricot.

Quant au service en salle, il était décontracté et sympathique, mais précis.

L’Entre d’Eux
Caroline Druine & Alexandre Godart
Rue Saint-Antoine 84, 6230 Pont-à-Celles
Tél : 071/95 76 68
www.lentredeuxpac.be

2014 : millésime de transition à Bordeaux

Il y a au moins une constante dans le monde du vin, ce sont les déclarations annuelles prédisant un millésime si pas exceptionnel, au moins excellent, et ce chaque année après les vendanges. Or, nous savons tous qu’il y a au moins un facteur instable dans l’élaboration d’un vin : la météo ! Le gel tardif d’avril qui va tuer les bourgeons, les grêles qui abîment le raisin, l’absence de soleil qui retarde le cycle végétatif, les pluies de septembre qui gorgent les raisins d’eau, la sécheresse qui bloque la croissance. Bref, la nature n’est pas à court d’idées pour mettre des bâtons dans les roues des viticulteurs.

Qu’en est-il donc de ce millésime 2014 à Bordeaux et plus précisément dans le microcosme des Grands Crus de Bordeaux : nous parlons ici de 135 châteaux “haut-de-gamme”, alors que Bordeaux compte plus ou moins 6000 propriétés. Ces dernières proposent déjà des millésimes 2015 à la vente, ce qui n’est pas le cas des Grands Crus : leur millésime 2014 était présenté à Bruxelles début mars (une centaine de châteaux étaient présents !), ce qui nous permet d’en avoir une image assez objective.

Pour rappel, 2012 fut très moyen, la pluie fort présente a dilué les raisins, heureusement la fin de saison a permis de récupérer des grains sains : le millésime est classé de moyen à bon. 2013, quant à lui, fut marqué par un retard de floraison et des grêles dévastatrices en août : ce fût un millésime très technique où les bons vignerons ont su produire de la qualité mais en petite quantité.

En 2014, la fin de saison a été exceptionnelle, les conditions climatiques lors des vendanges étaient optimales. Selon Olivier Bernard, Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, “il s’agit d’un super millésime, avec un super rapport qualité/prix”. Mais il ajoute immédiatement que 2015, mais surtout 2016, seront des millésimes vraiment exceptionnels. Toujours selon Olivier Bernard, 2014 est, en rouge, un millésime “masculin” avec de l’acidité, des tanins parfois un peu tendus. Du côté des blancs, on trouve de jolis blancs secs et des Sauternes assez bien réussis.

Qu’en est-il réellement après dégustation ? J’ai débuté ma visite par une très large sélection de Graves et de Pessac-Léognan blancs : il y a effectivement une certaine homogénéité dans ces vins, je confirme le qualificatif “joli” employé par Olivier Bernard. Disons que ce sont des vins corrects, en général très frais, où les fruits sont discrets. Quelques châteaux sortent du lot : Chantegrive (arômes fruités, matière suave, excellent équilibre), Malartic-Lagravière (nez distingué et complexe, belle finale, excellent équilibre), Smith Haut Lafitte (nez complexe sur le floral, les fruits et les épices, bouche ample, matière épanouie) et Pape Clément (nez épicé et empyreumatique, bouche ample, matière droite).

Du côté des rouges, on remarque effectivement des tanins parfois accrocheurs et des bouches étroites à moyennement amples. Il est difficile d’émettre un avis définitif, la matière peut évoluer mais il est clair qu’un grand nombre de ces vins ne sont pas actuellement dans leur meilleure forme. J’ai néanmoins remarqué quelques châteaux qui peuvent se boire dès à présent tout en ayant la capacité à se laisser oublier quelques années dans votre cave :

  • à Saint-Julien, Beychevelle : nez profond sur les fruits noirs, le chocolat et le tabac, matière légèrement tannique et suave ;
  • à Pauillac :
    • Haut-Bages Libéral : nez sur les fruits rouges et noirs, le cacao et le tabac, bouche franche et ample, tanins présents mais apprivoisés ;
    • Lynch-Bages : nez profond et complexe sur les épices et le cuir, bouche franche et ample, tanins prometteurs ;
  • à Saint-Estèphe, Phélan Ségur : nez complexe sur le floral et les épices, matière consistante en devenir ;
  • à Pessac-Léognan, Pape Clément : nez fin et complexe sur les fruits rouges et noirs, matière charpentée et droite, finale assez longue.

Enfin, terminons par le meilleur moment : le dessert. Les Sauternes sont bien réussis, j’ai éprouvé beaucoup de plaisir en dégustant la plupart des vins. Voici quelques châteaux particulièrement appréciés :

  • Guiraud : nez citronné et empyreumatique, matière fraîche, finale assez longue ;
  • Haut-Peyraguey : nez de fruits exotiques, d’ananas et de miel, matière fraîche, finale longue et presque parfaite, excellent équilibre de l’attaque à la finale ;
  • Rayne Vigneau : nez fin sur le citron et les fruits jaunes, matière fraîche et suave, des arômes d’abricot, de miel et de noix fraîche sont présents en bouche, finale longue et plaisante ;
  • Sigalas-Rabaud : nez sur les fruits jaunes et le miel, matière fraîche avec un excellent équilibre sucre-alcool, la finale est très longue.

Vous retrouverez toutes les notes de dégustation sur le site plaisirduvin.be.