C’est le titre d’un article de La Libre (voir ici) dans lequel l’acheteur vin pour le groupe Carrefour Belgique répond à Donatien Le maître, réalisateur du documentaire “Vin français, la gueule de bois”, diffusé le mercredi 13/05/2015 sur la Une. Voici l’accroche de l’article qui résume le documentaire : “Les vignes françaises sont massivement traitées aux pesticides, le goût du vin est trafiqué à cause d’une soixantaine d’additifs, les médailles sur les étiquettes sont à moitié bidon… Une enquête dénonce les côtés sombres du secteur des vins français grande consommation, victimes d’une course au rendement. Oubliez le terroir et les méthodes traditionnelles et ne dites plus ‘bonne santé’… “.
Cet article dans La Libre présente, on s’en doute, des visions assez différentes de la production viticole française. Dans cette matière, tout n’est pas blanc ou noir. Par exemple, même si le monde de la grande distribution privilégie la rentabilité financière au détriment de la qualité, il est parfois possible d’y trouver d’excellentes bouteilles, qui ne s’y trouvent pas nécessairement par hasard. Mais dans la sphère bio et ‘naturelle’ (c’est-à-dire sans soufre), certains proposent des bouteilles imbuvables, au prétexte d’une orthodoxie de non-interventionnisme très proche de la caricature, à des prix stratosphériques.
Par contre, quelques phrases de l’acheteur vin pour le groupe Carrefour Belgique me font bondir (et surtout rire) :
– quand Carrefour trouve une bouteille bouchonnée, “c’est le labo qui nous dit si c’est un accident de bouteille ou de lot“. Tout le monde sait qu’un pourcentage assez constant de bouteilles est bouchonné, même sur des bouteilles de grand standing, en fonction de la qualité du bouchon. Que l’on ne me fasse pas croire que Carrefour teste tous les lots dans lesquels ils trouvent une bouteille bouchonnée …
– “Aujourd’hui, l’utilisation de pesticides sur une vigne d’appellation d’origine contrôlée ou protégée est strictement interdite. … Là aussi, des analyses de sol sont effectuées. Tous les vignobles sont testés régulièrement“. Alors là c’est la nouvelle du siècle : Bordeaux n’est donc plus une appellation d’origine contrôlée ou protégée, vu qu’on y pulvérise à tour de bras. Et venir nous raconter que tous les vignobles sont testés régulièrement, alors que Carrefour peut monter jusque 1500 références : de combien d’inspecteurs dispose Carrefour pour faire le tour de tous ces vignobles ?
– enfin, la phrase qui tue : “Ce qui détermine le prix bas n’est pas la qualité du produit mais bien la taille de la production, d’abord, et puis le temps passé en barriques“. Oui, bien sûr, ces deux paramètres ont une influence. Mais aussi la quantité d’engrais, le fait de limiter ou non le rendement (le risque est de presser un jus de raisin très dilué), la quantité de levures artificielles qui donneront un goût agréable au vin (levures nécessaires si le jus est très dilué, vous suivez ?), et n’oublions pas les pesticides qui assurent un état sanitaire correct à un maximum de raisins (car qui dit raisins infectés, dit raisins jetés, donc rendements en baisse). Il est tout à fait possible de trouver des vins issus de petites exploitations, sans ou très peu de pesticides, à des prix très raisonnables. Et des vins issus de très grandes exploitations, à des prix insensés.
Santé !