Vinovision, salon des vins septentrionaux, déroulait le tapis rouge à Paris pour les professionnels du vin, du 12 au 14 février 2018. L’occasion pour moi de vous présenter quelques domaines méconnus dans nos contrées.
Commençons par l’extrême ouest de la Vallée de la Loire, dans le Pays Nantais. C’est le pays du Muscadet, dont la réputation de “petit vin” doit absolument être corrigée. Comme partout ailleurs, il y a de “petits” vignerons avec de “petits” vins, mais le Muscadet correctement vinifié est capable de vieillir de nombreuses années.
Romain Malidain m’a fait goûter quelques belles bouteilles de “Sensation de Grandlieu” (Muscadet Côtes de Grandlieu), de 2010 à 2016, avec beaucoup de fraîcheur, des arômes complexes sur le floral et les fruits jaunes et une amplitude de bouche très intéressante.
Romain n’hésite pas à sortir des sentiers battus : son Muscadet Côtes de Grandlieu “Cuvée ovoïde” de 2017 est frais et franc avec une matière sur la finesse. Son Grolleau “Rouge Plaisir” explose d’arômes de fraise écrasée (j’ai retrouvé le nez de la confiture de fraises de ma maman !). Mais surtout, son Chardonnay “Le Demi-Boeuf” 2017 est tout bonnement bluffant : de l’amplitude, de la finesse, aucune amertume et un excellent équilibre nez/bouche avec des arômes fins et profonds sur l’ananas.
Dirigeons nous maintenant vers l’est de la France, dans le Jura et en Bourgogne. Florent Rouve a repris la maison Rijckaert qui développe sa viticulture dans le Jura et dans le Mâconnais.
Je reprends ici le texte de présentation sur leur site internet : “Depuis 2013, Jean [Rijckaert] a décidé de progressivement transmettre sa passion à Florent Rouve et transmet “le savoir-faire” qui a fait la réputation de ses vins : les rendements limités, la récolte manuelle, des presses lentes et modérées, des levures indigènes, le long vieillissement de vin et … quelques secrets précieux !”. Florent travaille le parcellaire de Bourgogne de façon très pointue : il connaît la géologie des lieux, leur orientation, et nous propose des vins magnifiquement construits, avec beaucoup de finesse, de minéralité et de droiture. Quant aux Jura, ils ne sont pas en reste : ses Savagnin ouillés disposent d’une belle matière avec une amplitude intéressante, sur des arômes variétaux maîtrisés. Chacun de ses vins est digne d’intérêt et je les note souvent au-dessus de 15/20.
Terminons par une appellation de Bourgogne moins connue : Montagny. Camille Feuillat m’a proposé un tour d’horizon en blanc du domaine Feuillat-Juillot qui dispose de quelques belles parcelles en Montagny 1er cru.
J’ai particulièrement apprécié la finesse et l’élégance de ses vins, sans boisé excessif. La gamme est construite sur le parcellaire, lui-même disposant de vignes de plus en plus âgées : j’ai ainsi terminé la dégustation par “Les Coères” (vignes de minimum 70 ans) et la cuvée Victor (vignes de 100 ans), deux vins avec une attaque franche, beaucoup d’amplitude, une longueur appréciable et un excellent équilibre nez/bouche. La gamme est cohérente. Un domaine que je vais suivre dans les prochaines années.